FOGHAT : 8 Days on The Road (2021)
Pour fêter ses 50 ans de carrière le groupe Foghat sort un nouveau Live intitulé “8 Days On The Road”. Il fut enregistré en novembre 2019 au Daryl's House Club du célèbre Daryl Hall, la moitié du duo Hall & Oates bien connu des amateurs de pop-rock des années 80... On y découvre les Anglo-américains dans une ambiance plus intimiste, eux qui sont plus habitués aux stades notamment aux USA ! Ayant enfin pu voir sur scène Foghat cette même année 2019 mais quelques mois plus tôt au Golden Age Rock Festival de Liège, j'avais hâte de me replonger dans la set-liste de ce concert américain. Il faut dire que je suis la carrière de ces forçats du boogie, du hard et du blues-rock depuis l'album “Fool For The City” de 1975 et l'excellentissime “Foghat Live” qui avait suivi 2 ans plus tard... Malheureusement, du fait d'une carrière mouvementée liée au décès de la plupart des membres d'origine et de leur peu d'envie de venir en Europe, Foghat fait partie de ces groupes qu'on a très peu vu par chez nous, à l'instar de Kansas, de 38 Special ou de Styx. Le set débute par le classique de 1976 “Drivin' Wheel” avec un Charlie Huhn très en forme vocalement et un Bryan Bassett qui slide comme un damné... Excellente entrée en matière donc qui s'enchaîne sans temps mort avec le “Road Fever” des débuts (1973), du temps où Dave Peverett, Rod Price et Roger Earl tournaient sans relâche outre-Atlantique. Roger est le seul survivant de cette époque et continue à marteler ses fûts avec passion à 75 ans passés. Il forme une excellente équipe rythmique avec l'ancien acolyte de Pat Travers, Rodney O'Quinn, qui a remplacé le regretté Craig MacGregor à la basse il y a 6 ans, faisant de lui le “petit nouveau” de la bande... On continue le voyage dans le passé avec le très efficace “Stone Blue” de 1978 et la machine Foghat continue à un train d'enfer. Il est d'ailleurs intéressant de constater que malgré ce demi-siècle, le groupe continue de jouer son répertoire avec une énergie communicative et une volonté intacte de faire perdurer son héritage musical. En témoigne ce “Chateau Lafitte '59 Boogie” qui nous ramène en 1974 et qui nous rappelle que Foghat est le roi du boogie US avec ZZ Top bien évidemment... On calme un peu le jeu avec l'excellente reprise d'Elmore James “It Hurts Me Too” qui prouve que le blues est profondément ancré dans les gênes du groupe. Il suffit de se rappeler le célèbre concert “Tribute To The Blues” du Palladium en 1977 où Foghat avait convié John Lee Hooker, Muddy Waters, Eddie Kirkland, Johnny Winter, Paul Butterfield etc. pour s'en convaincre. Autre reprise tout aussi superbe, celle de “Take Me To The River” d'Al Green pour une version survitaminée, à des lieues de celle très funky de 1978 de Talking Heads que j'aime beaucoup également. On continue avec le titre qui a donné son nom à cet album Live, “Eight Days On The Road”, popularisé en son temps par la grande Aretha Franklin dans une version très soul. Ici le quatuor nous en donne une adaptation totalement boogie et jubilatoire. Autre classique du répertoire des Anglo-américains, le très populaire “Chevrolet” est toujours un grand moment de leurs concerts avec son refrain repris en chœur par le public. On en arrive maintenant à l'enchaînement des titres de la face A du vinyle “Foghat Live” : les hymnes que sont “Fool For The City” et “Home In My Hand” avant le classique parmi les classiques “I Just Want To Make Love To You” de Willie Dixon que l'assistance attend de pied ferme... Hommage ensuite à Chuck Berry avec un “Maybellene” de derrière les fagots. Puis c'est au tour de Bryan Bassett de se retrouver au centre de toutes les attentions avec cette reprise du légendaire “Play That Funky Music” de Wild Cherry. Bryan avait fait partie de ce groupe au cœur des années 70 et notamment en 1976 quand ce titre était devenu un hit énorme au moment où le disco allait s'emparer des « dance floors » aux USA et dans le reste du monde... Foghat nous en délivre une version très hard funk à la Prince ou Bootsy Collins totalement inattendue et bienvenue. On finit le set avec l'incontournable “Slow Ride” qui fera Top 20 aux USA en 1975 et qui reste le titre le plus populaire du combo ! On le comprend, ce nouveau Live de Foghat est un must même si on peut reprocher la configuration assise du concert avec un public plutôt âgé qui ne bouge guère et qui passe le plus clair de son temps le smartphone à la main pour immortaliser ce moment. On aurait préféré une ambiance plus festive et plus rock'n'roll mais ne boudons pas notre plaisir de retrouver ces fantastiques musiciens dans leur élément naturel à savoir la scène. D'autant que ce n'est pas sûr qu'on les revoie de sitôt par chez nous... Un album studio est attendu pour 2022 alors on peut toujours rêver !
OLIVIER CARLE